Le riz de Mère Ton arrivera dans notre assiette: “Avec les produits chimiques, ma rizière s’épuisait”

La nuit, Phuo chante dans les bars des chansons de sa composition, en grattant sur sa guitare, face au public clairsemé de cette bourgade de la Thaïlande rurale. Et le jour, le jeune homme est dans les champs, pour cultiver son riz bio, à Yasothon. “Le riz, c’est la colonne vertébrale de ce pays”, dit l’”agri-chanteur”. Toutes ses chansons parlent de rizières, comme celle qu’il entame au micro : “Elle évoque cette période où les jeunes rentrent au village pour la récolte, pour gagner un peu d’argent et se marier.”

Cette récolte, en cette fin novembre, bat son plein en Thaïlande. Hors de la ville, un peu plus tôt et sous un soleil de plomb, “Ma” (Mère) Ton Ngern, 53 ans, entamait le fauchage du riz, serpe en main. Elle ne verra pas revenir ses enfants pour la récolte – ils sont partis chercher fortune à Bangkok – mais des voisins sont venus travailler à ses côtés dans la rizière. “Là, je suis en train de couper les brins, et je les mets en rang par terre , commente la rizicultrice, qui disparaît presque dans les herbes hautes . On liera ensuite la poignée avec du bambou.” Avant que la botte ne soit battue pour en extraire les grains. D’habitude, c’est le boulot de la machine, mais Ma Ton veut conserver les graines. Celles-ci ont été sélectionnées pour coller à la région et au climat. Et pas question de pesticides ou d’engrais chimique : “J’ai décidé d’arrêter : je devais mettre de plus en plus de produits chimiques, mon sol s’épuisait, les récoltes étaient mauvaises…”

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Avec les produits chimiques, ma rizière s’épuisait la-libre-belgique-dition-nationale_p-26-27.pdf 3.07 MB